This project is part
of the theme 2 of the PROOF problematic : “ respective
effects of climate change and natural variability on marine ecosystems
functional structure and biogeochemical cycles ”.
It is focalised on the mesoscale turbulence effect (natural
variability) on planktonic ecosystems, and its consequences on carbon
cycle and associated elements (N,P,Si,Fe). Indeed, recent modelling
studies have shown that mesoscale processes in ocean dynamics have
a significant and quantified effect on new and export production
(Levy et al. 2001, Spall & Richards 2000, Levy et al. 2000,
Dadou et al. 1996, McGillicuddy et al. 1995, Robinson et al. 1993,
Flierl & Davis 1993) ; notably through eddy-enhanced input
of nutrients from sub-surface layers to the euphotic zone (ex. Levy
et al. 2001). This effect is observed at several space and time
scales from submesoscale to mesoscale. However, these modelling
studies often use a simplified ecosystem structure, with usually
one single phytoplankton and zooplankton group, to represent the
planktonic community. On one hand, this simplification is justified
by the fact that interpreting the interactions between two non-linear
systems (physic and biology) is complex. On the other hand, an oversimplification
of the food-web structure might rise questions about the interpretations
of model results. For example, recent experimental studies demonstrate
that the overall ecosystem response to nutrient enrichment strongly
depends on functional diversity (Hulot et al. 2000).
In this project we
propose to address the question of the role of mesoscale dynamics
on ecosystems structure and functioning, using a modelling process
study approach. Indeed, one of the major objective of the scientific
community involved in studying coupled physical-biogeochemical interactions
in the ocean is to develop realistic simulations in order to quantify
and predict the ecosystem response to natural and anthropogenic
perturbations. To achieve this objective there is a need of developing
biological models of reasonable complexity. Indeed, if, on one hand,
regional physical models, in particular at mesoscale, become
more and more realistic and operational in terms of predictability,
on the other hand, we need a better knowledge of how physical-biological
interactions in the ocean depends on how food-web structure is represented
in models.
In this context we
aim, through the present PROOF project, to study the role of both
mesoscale dynamics and food-web structure on the ecosystem functioning
and related biogeochemical fluxes. For this purpose, we will use
a process studies approach with idealised models. More precisely,
we want to identity the key biological and physical mechanisms which
drive the interactions between ocean dynamics and planktonic community
by a systematic exploration of the space parameter. This space parameter
can be defined by three classes (1) mesoscale turbulence and vertical
mixing (2) resource availability (nutrients and light) (3) number
of trophic groups and sensitivity to physiological parameters.
Different parameter
space zones will be explored corresponding to key oceanic regions
studied by our laboratory : the Southern Ocean (programmes
ANTARES, AESOPS) the Sargasso sea (programme BATS) and the North
East Atlantic (programme POMME). In these different parameter zones
we will address the following questions :
-
How mesoscale dynamics (particularly advection processes) constrains the
food-web structure and ecosystem functioning ?
-
How increasing complexity in food-web structure modifies the ecosystem
functioning and its response to mesoscale dynamics ?
Behind these two central questions,
we aim to understand more precisely:
-
What are the key parameters driving the biological processes time scales
? In particular we aim to investigate how the different co-limitations
(nutrients, light) modify the elemental composition of phytoplankton
(C,N,Si,Fe), and what are the consequences on the biogeochemical
cycles?
-
How the ecosystem response, in terms of structure and functioning, depends
on physical and biological time scales ?
Le laboratoire
pluridisciplinaire LEMAR (UMR 6539) est engagé dans le programme
international JGOFS (Joint Global Ocean Flux Studies) et le programme
PROOF. L'un des thèmes scientifiques majeurs de l'UMR 6539 est l'étude
des cycles biogéochimiques du carbone et des éléments associés,
notamment silicium et fer. Il s'agit en particulier de quantifier
les flux annuels de matière biogénique (C, N, Si) et de comprendre
les processus fondamentaux qui contrôlent la production et le devenir
de la matière biogénique dans les principaux sous-systèmes de l'Océan
mondial. Le support expérimental est ou a été fourni par les programmes
KERFIX, ANTARES, POMME, IRONAGES, BATS et AESOPS auxquels participe
ou collabore notre équipe de recherche. Pour mener à bien ce projet
notre équipe regroupe des scientifiques de plusieurs disciplines
en modélisation : Pascal Rivière et Charles Fravalo (océanographie
physique), Philippe Pondaven (océanographie biologique). Une collaboration
est engagée avec Patrice Klein et Anne-Marie Tréguier (LPO-Brest)
et notre équipe est également engagée dans une collaboration avec
les USA, dans le cadre d’un projet financé par la NSF sous
le titre “ Si cycling and Si control of new production
and organic carbon export in the Southern Ocean and the Sargasso
Sea : a JGOFS Synthesis ” (Principal Investigators :
D.Nelson, M.Breszinski, P. Tréguer & P. Pondaven).
Des études récentes menées
dans différents bassins océaniques indiquent clairement que l'interaction
de la dynamique de la couche de mélange océanique et de la turbulence
méso-échelle crée une structure spatiale particulère de la production
primaire et de la biomasse planctonique. Compte tenu de la forte
non-linéarité du système couplé physique-biologique et des échelles
de temps qui sont de même ordre de grandeur, cette interaction modifie
la structure et le fonctionnement des communautés planctoniques
(Levy et al. 2001, Spall & Richards 2000, Levy et al. 2000,
Dadou et al. 1996, McGillicuddy et al. 1995, Robinson et al. 1993,
Flierl & Davis 1993). Ceci se caractérise en particulier par
une augmentation de l’apport en nutriment induite par les
tourbillons depuis les couches de sub-surfce dans la couche euphotique
(ex. Levy et al. 2001). De plus les tourbillons méso-échelles, ayant
une durée de vie allant jusqu'à plusieurs mois, peuvent jouer un
rôle important en isolant des zones à forte production phytoplanctonique
au sein d'une zone faiblement productive, et introduire ainsi une
hétérogénéité spatiale de la structure de l’écosystème et
de la production primaire. Ceci est révélé en particulier dans les
premiers résultats de la campagne POMME. La plupart des études précédemment
citées utilisent des structures de réseaux trophiques beaucoup plus
simples correspondant à une espèce de phytoplancton et une espèce
de zooplancton. Peu d’études en modélisation d’écosystèmes
complexes (comprenant notamment plusieurs groupes phytoplanctoniques)
en présence de turbulence méso-échelle ont été menées jusqu’à
présent. Hors des études récentes montrent que la réponse globale
de l’écosystème vis à vis d’une perturbation, telle
qu’un apport variable de nutriments par exemple, dépend de
la structure du réseau trophique (Hulot et al. 2000). Il
y a donc actuellement un fort besoin d’une rationalisation
de l’effet de la dynamique méso-échelle et de la structure
des réseaux trophiques sur le fonctionnement des écosystèmes marins
que seule une approche de type étude de processus peut apporter
du fait de la forte non linéarité des interactions biotiques et
abiotiques. Ces études de processus, menées en étroite collaboration
avec les modélisateurs développant des simulations réalistes et
les observations in situ et/ou au laboratoire doivent permettre
une meilleure compréhension et représentation du fonctionnement des réseaux trophiques dans l’océan.
Notre équipe est engagé dans
ce type de problématique dans le cadre de PROOF. Notre approche
s’est focalisée jusqu’à présent sur la zone polaire
frontale située à la limite nord de l'Océan Austral (40-50°S) (voir
bilan 2001 dans la section suivante). Cette zone est une région
privilégiée pour les études de processus sur les interactions entre
les forçages physiques à méso-échelle et les écosystèmes pélagiques.
En effet c’est une région fortement dynamique caractérisée
par une activité méso-échelle importante. Les observations in-situ
montrent la présence de méandres et de tourbillons résultant de
l'instabilité de la circulation océanique moyenne et des interactions
avec la topographie et les forçages atmosphériques. C'est également une région où les gradients de facteurs
écologiques sont très prononcés, en raison du mélange entre les
eaux subtropicales et les eaux subantarctiques. Cette variabilité
spatiale et temporelle des facteurs
écologiques se répercute sur la structure et le fonctionnement
de l'écosystème pélagique. Ainsi, cette région se caractérise par
une forte variabilité annuelle et interannuelle de la productivité
marine, qui semble être associée à la variabilité des forçages atmosphériques
et de la dynamique océanique (Pakhomov et al., 2000).
Nous
proposons à présent dans une perspective à 4 ans dans le cadre de
PROOF d’apporter une vue plus globale en termes de mécanismes
biologiques et physiques par une exploration systématique de l’espace
des paramètres. L’objectif est d’identifier les paramètres
qui jouent un rôle important dans le contrôle de la structure et
du fonctionnement des écosystèmes, en fonction des échelles de temps
physiques et biologiques ainsi que des caractéristiques de différentes
zones océaniques. Le choix de ces différentes zones est motivé non
seulement par leurs caractéristiques biologiques et physiques qui
seront détaillées dans le projet scientifique, mais aussi par l’engagement
de notre laboratoire dans différents programmes : de l’océan
Austral (ANTARES, AESOPS) à l’atlantique Nord (POMME, BATS).
Le lien avec ces différents programmes est essentiel dans ce projet
afin de permettre une bonne définition de l’espace des paramètres
biologiques et physiques à explorer compte tenu des observations
in-situ et des études de processus réalisées en laboratoire.
Différents aspects ont été
abordés : (1) nous avons finalisé la partie modélisation de
la dynamique à méso-échelle concernant l’effet de la friction
sur le fond qui s’inscrit dans le cadre des études en dynamique
des fluides géophysiques d’un intérêt plus général (Rivière,
Tréguier & Klein, soumis). (2) Nous avons abordé la modélisation
couplée physique biologie dans la zone d’étude par des modèles
simplifiés d’écosystèmes comprenant nutriment et un groupe
de phytoplancton. Nous avons également abordé l’effet du forçage
par un vent haute fréquence sur la réponse de l’écosystème
(DEA de M. Mongin, 2001). (3) Une étude de la dynamique propre des
écosystèmes incluant le cycle du silicium a également été menée
afin de dégager la nature des états d’équilibre de ces écosystèmes
et le rôle des paramètres clés tels que la disponibilité en sels
nutritifs (nitrates, silicates) et en lumière (DEA de B. Pasquer).
(4) Enfin l’effort de modélisation 1-D et de paramétrisation
des processus biologiques a été poursuivi, à la fois dans l’Océan
Austral (Blain et al., sous presse) et l’Atlantique Nord (Anderson
& Pondaven, soumis).
(1)
Modélisation
des courants baroclines océaniques et rôle de la friction sur
le fond
La friction sur le fond est généralement utilisée dans les modèles océaniques
comme un puits nécessaire d’énergie cinétique pour atteindre
un niveau d’énergie cinétique satisfaisant à l’équilibre.
Dans cette étude nous avons ré-examiné l’effet de la friction
sur l’équilibration non-linéaire d’un courant océanique
barocline fortement instable en utilisant un modèle aux équations primitives. Comme dans les études antérieures (Panetta
1993, Rivière & Klein 97) nous observons que la friction sur
le fond affecte fortement le mode barotrope. Les modes
baroclines par contre sont très peu affectés. Le résultat
nouveau est que la friction sur le fond peut entraîner une importante
sélection d’échelle, que ce soit en dynamique quasi-géostrophique
ou aux équations primitives.
Une comparaison des modèles aux équations primitives et quasi-géostrophique
montre des différences significatives dans les couches de surface
au niveau des tourbillons. L’hypothèse de
“ barotropic governor ” (James 1987) ne permet
pas d’expliquer ces résultats et nous en proposons une rationalisation
(Rivière, Tréguier & Klein, soumis)
(2)
Modélisation
couplée à méso-échelle
Dans
le cadre de la modélisation couplée nous avons choisi de nous focaliser
dans un premier temps (année 2001) sur l’étude d’écosystèmes
simplifiés ne comprenant qu’un seul élément nutritif avant
d’entreprendre l’étude de systèmes plus complexes incluant
le silicium. Ces écosystèmes comprennent une classe de phytoplancton,
une classe de zooplancton et une classe de détritus. Le nutriment
est dans un premier temps constitué d’un réservoir d’azote
inorganique, puis d’un élément nutritif “ X ”
ayant un caractère plus fortement limitant. Pour ce second type
de nutriment nous nous sommes basés sur les études récentes menées
au laboratoire sur la limitation par le fer (Bucciarelli et al.
2001) en considérant un sel nutritif dont la constante d’affinité
KX est augmentée par rapport à la valeur KN
déjà utilisée. La paramétrisation du modèle d’écosystème sur
la zone considérée est basée sur les résultats obtenus en modélisation
1D (Pondaven et al. 1999-2000).
Le
modèle physique est du même type que celui utilisé dans la partie
(1) (Rivière, Tréguier & Klein) avec une résolution spatiale
de 6 km et 30 niveaux sur la verticale allant de 5 m en surface
à 200 m au fond. Le modèle physique est amené à un équilibre statistique
entre circulation moyenne et dynamique tourbillonnaire. Les simulations
couplées ont alors réalisées sur des périodes de 30 jours. La condition
initiale en nutriments simule un gradient méridien en azote type
de la zone frontale ANTARES.
Les résultats montrent que la dynamique
frontale agit très rapidement sur l’écosytème planctonique
en créant une structure spatiale tourbillonnaire de la production
primaire (figure 1). Le modèle reproduit un maximum de production
dans la zone frontale et plus particulièrement en périphérie des
tourbillons. Une étude détaillée des mécanismes gérant la dynamique
de l’écosystème dans la zone frontale montre toutefois que
l’advection horizontale est largement dominante dans la contrainte
de la répartition spatiale de la production lorsque l’azote
est le facteur limitant. Ces résultats révèlent en particulier l’importance
d’autres facteurs limitants de la production primaire non
pris en compte dans ce modèle tels que le silicium ou le fer.
Les
résultats obtenus avec le second type de nutriment (X) fortement
limitant permet d’obtenir, à la fois au sud et au nord du
domaine, une très faible activité biologique qualitativement en
accord avec les observations in-situ. L’effet des vitesses
verticales dans la zone frontale est fortement augmenté. Ces résultats
mettent en évidence que la dynamique frontale, par la présence de
vitesses verticales de l’ordre de 30 m/j, peuvent contraindre
le fonctionnement de l’écosystème limité par un élément nutritif
de type fer, contrairement au cas d’une limitation par l’azote.
Cette étude sera poursuivie pendant l’année 2002 par un stage
de DEA dans lequel la limitation par le silicium sera également
prise en compte.
Une
première approche concernant l’effet de la variabilité temporelle
du vent a également été effectuée. Les résultats obtenus en forçant
la surface par un vent théorique oscillant avec une période de l’ordre
de 20 heures montrent une réponse très importante de la dynamique
de la couche mélangée, en accord avec les études antérieures (Klein
& Tréguier 95). Toutefois le rapport mélange/lumière apparaît
jouer un rôle prépondérant dans la réponse de l’écosystème.
Cette étude sera poursuivie pendant l’année 2002 par un stage
de DEA.
(3)
Dynamique des écosytèmes le long d’un gradient de facteurs écologiques :
Parallèlement
à ces études sur le couplage physique-biogéochimie à mésoéchelle,
une étude préliminaire sur le cycle du silicium a été menée (DEA
de B. Pasquer, 2001) : nous nous sommes attaché à décrire le
rôle des paramètres clés (facteurs limitants de la production primaire,
broutage, etc.) en termes d’états d’équilibre d’un
écosystème planctonique indépendant des contraintes dynamiques (ex.
Lima et al., sous presse) et comprenant les diatomées. Ces
résultats nous ont permis de déterminer les échelles de temps caractéristiques
sur lesquelles l’écosystème réagira de manière la plus forte
en réponse à un forçage par la dynamique océanique. Ils permettront
également de mieux interpréter la réponse de l’écosystème
dans les simulations couplées incluant le cycle du silicium qui
seront réalisées dans l’année 2002.
(4)
Modélisation 1-D
– paramétrisation de processus biologiques
l’effort
de modélisation 1-D et de paramétrisation des processus biologiques
a été poursuivi. Dans l’Océan Austral, l’attention s’est
portée sur la paramétrisation du rôle joué par le fer dans le contrôle
de la croissance phytoplanctonique et de la composition élémentaire
du phytoplancton. Pour ce faire, nous avons utilisés des résultats
expérimentaux obtenus au laboratoire (Buciarelli et al. 2001) pour
tester la sensibilité du modèle à différentes paramétrisations du
rôle joué par le fer (Blain et al., sous presse). En ce qui concerne
l’Atlantique Nord, l’objectif scientifique était d’étudier
les processus biologiques susceptibles de générer le découplage
des cycles du carbone et de l’azote communément observé dans
l’Océan (Sambrotto et al., 1993). La station BATS (Bermuda
Atlantic Time-Series Station) est un exemple type de régime où l’on
observe ce découplage au niveau du système pélagique (Michaels et
al. Nature, 1994). Ainsi, en période estivale, une diminution
significative des concentrations en carbone inorganique dissout
est observée, et ce alors que la couche euphotique est dépourvue
de nutriments. Dans le cadre d’une collaboration avec Tom
Anderson (Southampton Oceanography Centre), un modèle 1-D a été
utilisé pour identifier et quantifier les processus susceptibles
de contribuer à ce découplage (Anderson & Pondaven, soumis).
Deux
stagiaires du DEA Européen de modélisation de l’Environnement
Marin de Liège (M.Mongin et B.Pasquer) ont été associés à ces travaux.
Ils poursuivent chacun en thèse : M.Mongin au LEMAR sur la
thématique du projet NSF mentionné ci-dessus en collaboration avec
D.Nelson (OSU), et B.Pasquer à Bruxelles sous la direction de C.
Lancelot en collaboration avec notre équipe dans le cadre du programme
IRONAGES.
Rôle des processus à méso-échelle dans la
structure et le fonctionnement des communautés planctoniques et des cycles biogéochimiques
Ce
projet s’inscrit dans le problématique du thème 2 de l’appel
d’offre PROOF 2002.
a) Objectifs et intérêt scientifiques
L'un des thèmes scientifiques
majeurs du LEMAR est de comprendre les processus fondamentaux qui
contrôlent le cycle biogéochimique du carbone et des éléments associés
(N, P, Si, Fe). Une attention particulière est portée sur l’identification
des facteurs (physiques, chimiques ou biologiques) qui contrôlent
la structure et le fonctionnement des communautés planctoniques,
et à l’évaluation des conséquences sur les cycles biogéochimiques.
Parmi les outils utilisés pour
mener à bien ces études, le laboratoire développe depuis 1999 une
modélisation couplée physique-biologie orientée vers les études
de processus. En effet, jusqu’à présent, le programme JGOFS
a principalement initié le développement d’une famille de
modèles couplés physique-biologie de plus en plus réalistes
(Doney et al., 2002); modèles où la biologie utilisée peut être
complexe (Moore et al., 2002). Par ailleurs les modèles de circulation
océaniques représentent de manière de plus en plus complète les
mécanismes physiques jusqu’à de fines échelles temporelles
et spatiales et permettent, grâce notamment à l’assimilation
de données (altimétrie, SST,…) de produire des simulations
opérationnelles de plus en plus fiables (SOPRANE, MERCATOR). La
nécessité actuelle de développer le couplage de tels modèles avec
des modèles biologiques de plus en plus réalistes est donc particulièrement
motivée (voir volet modélisation du programme POMME).
Toutefois, étant donnée la
complexité des écosystèmes mis en jeu ainsi que celle du couplage
avec une dynamique à méso-échelle fortement variable et fortement
non-linéaire, l'un des enjeux actuel est de comprendre quels sont
les facteurs qui contrôlent la variabilité de structure et de fonctionnement
des communautés planctoniques dans la perspective d'améliorer notre
connaissance et notre capacité de prédiction de la réponse des écosystèmes
à une perturbation anthropique ou naturelle. Pour atteindre ce but
il est indispensable de développer une approche de type études de
processus. Ce type d’études, menées en collaboration étroite
avec les modélisateurs développant des simulations réalistes et
les expérimentateurs, doivent permettrent une meilleure compréhension
et donc une meilleure représentation des réseaux trophiques dans
l’océan. Plus précisément, il s’agit, à travers ces
études de processus, d’identifier les mécanismes qui
contrôlent les changements de structure des communautés planctoniques,
à la fois en terme de dominance de groupes d’espèces (diatomées,
flagellés …) et en terme de classes de tailles (Rodriguez
et al. 2000). Puis, dans un deuxième temps, il s’agit d’évaluer
les conséquences de ces changements de structure sur la production
et le devenir de la matière biogénique dans l’océan.
La démarche que nous proposons
consiste en une exploration systématique de l’espace des paramètres
physiques et biogéochimiques (que nous définirons ci-après) afin
de caractériser les différentes réponses de modèles couplés physique-biologie
de complexité croissante et d’identifier les mécanismes clés
qui contrôlent les changements de structure des communautés planctoniques
dans différentes régions de cet espace. La configuration du modèle
physique correspond à celle que nous avons développée au sein de
notre équipe (voir bilan 2001) : il s’agit du modèle
OPA (LODYC) largement utilisé dans la communauté française (voir
par exemple le volet modélisation POMME) utilisé dans une configuration
simplifiée de type canal zonal périodique avec une résolution horizontale
de 5 km. Elle reproduit la dynamique méso-échelle d’une zone
frontale à l’équilibre (en particulier l’équilibre statistique
entre moyenne et grande échelle) et a fait l’objet d’une
publication (Rivière et al. soumis).
L’espace des “ paramètres ”
que nous nous proposons d’explorer peut se définir comme suit.
Classiquement, on admet que la structure des communautés planctoniques
est contrôlée soit par la disponibilité en ressource soit par les
interactions trophiques entre les différents groupes fonctionnels.
S’ajoute à cela le fait que la dynamique océanique, surtout
à méso-échelle, va contrôler la distribution des organismes et la
disponibilité en ressource. On peut ainsi définir au moins trois
ensembles de paramètres ayant une influence sur la réponse des écosystèmes:
-
La turbulence
méso-échelle, et le mélange vertical
-
La disponibilité
en ressource (N, Si, Fe, lumière, …)
-
Le nombre
de groupes trophiques, et les valeurs des paramètres physiologiques
associés à chaque groupe
C’est différents paramètres
permettent de caractériser les différentes zones de l’océan
mondial. Les zones d’études privilégiées auxquelles se rattache
notre laboratoire, et qui seront explorées plus spécifiquement
dans ce projet, sont : l’Océan Austral (programmes ANTARES
et AESOPS), la Mer des Sargasses (station BATS), et l’Atlantique
Nord-Est (programme PROOF-POMME).
(a) (b)
the North-East Atlantic in the POMME zone. N and Si are the concentration
of nitrates and silicates below the mixed layer. The frontal zone
in the Austral Ocean is caracterized by a strong North-South nutrient
gradient and this diagram illustrate that siliactes gradient is
located northern than the nitrates gradient. (b) position in the parameter space (Ipar-
hCM) of the same oceanic zones. Ipar is the half saturation constant for light and hCM the mixed layer depth.
Figure 2 (from Margalef, 1979) :
relation between ecological factors gradient (turbulence & nutrients concentration) successive phytoplanktonic
groups.
Les figures 1a (espace N-Si)
et 1b (espace couche de mélange-lumière) caractérisent de manière
schématique deux des zones d’études privilégiée par le laboratoire
(Océan Austral, Atlantique Nord). Elles se situent dans des régions
différentes de l’espace des paramètres en termes de ressource
et de rapport mélange/lumière. Par ailleurs, la figure 2 (d’après
Margalef, 1979) montre que la position dans l’espace des paramètres
(Nutriment-turbulence) influence la structure des communautés phytoplanctoniques.
Les questions scientifiques que l’on se propose
d’adresser en explorant les trois ensembles de paramètres
mentionnés ci-dessus sont :
-
Comment
la dynamique tourbillonnaire océanique (en particulier l’advection
horizontale et verticale) organise-t’elle la disponibilité
en ressources et la structure et le fonctionnement des écosystème ?
-
Comment
l’augmentation de la diversité en éléments nutritifs modifie
le fonctionnement des écosystèmes et sa réponse à la dynamique méso-échelle ?
Autour de ces deux questions centrales il s’agira
plus précisément d’identifier :
-
Quels sont
les paramètres clés qui gèrent les échelles de temps des différents
processus biologiques ? On s’attachera particulièrement
à étudier les co-limitations (nutriments-lumière) et leurs effets
sur la composition élémentaire du plancton (C, N, Si, Fe).
-
Comment,
en fonction des échelles de temps physiques et biologiques, se caractérise
la réponse des écosystèmes en terme de dominances de groupes planctoniques ?
-
Comment
ces changements de structure influent-ils le fonctionnement des
écosystèmes et les cycles biogéochimmiques ?
Pour répondre à ces questions, il s’agira notamment
de décrire quelles sont les zones critiques de l’espace des
paramètres qui entraînent un changement de structure des communautés
planctoniques.
Pour mener à bien ce projet
notre équipe regroupe des scientifiques de plusieurs disciplines :
Pascal Rivière et Charles Fravalo (océanographie physique), Philippe
Pondaven (océanographie biologique).
Cette étude s’effectuera en collaboration avec les
scientifiques de notre laboratoire en ce qui concerne la limitation
par le fer (S.Blain, G.Sarthou) et le silicium (P.Tréguer, A.Leynaert).
Elle s’appuiera par ailleurs sur les collaborations mises
en place entre notre équipe et des équipes américaines et belges ;
notamment la thèse de Mathieu Mongin dans le cadre du programme
NSF en collaboration avec D.Nelson et M.Breszinski, ainsi que la
thèse de Bénédicte Pasquer à l’ULB sous la direction de C.Lancelot
(programme IRONAGES).
Deux stages de DEA seront effectués en 2002 : H. LeGall (DEA de Marseille)
travaillera sur l’effet du forçage par le vent sur la dynamique
d’un traceur de type sel nutritif dans la zone frontale de
l’océan Austral, S.Roudesly (DEA de modélisation de Liège)
travaillera sur le couplage physique-biologie dans la zone frontale
avec un modèle du cycle du silicium. Nous prévoyons de déposer un
sujet de thèse dans le cadre de cette problématique.
De plus, cette étude fait l’objet d’une collaboration
avec Patrice Klein et Anne-Marie Tréguier (LPO-Brest) en ce qui
concerne les mécanismes à méso-échelle. Elle sera également menée
en lien étroit avec Marina Levy et Laurent Mémery (LODYC) qui sont
fortement impliqués dans la modélisation réaliste sur la zone POMME.
Une collaboration entre nos équipes doit mener à une meilleure représentation
des réseaux trophiques dans les modèles couplés physique-biologie
Bucciarelli,
E., Blain, S. and Tréguer, P., 2001. Iron and manganese in
the wake of the Kerguelen Islands (Southern Ocean). Mar. Chem.,
73(1): 21-36.
Dadou et al. (1996) Impact of the North Atlantic equatorial
current meandering on a pelagic ecosystem : a modeling approach.
J.
Mar. Res.,
54, 311-342.
Doney et al. (2002) the US-JGOFS synthesis and modeling project –
an introduction. Deep-Sea Research II,
49, 1-20.
Flierl, G. R., and C. S. Davis (1993), Biological effects of the Gulf Stream
meandering, J. Mar. Res., 51, 529-560.
Hulot et al. (2000) Functional diversity
governs ecosystem response to nutrient enrichment. Nature, 405, 340-343.
Levy et al. (2001), Impact of sub-mesoscale physics on production and subduction of
phytoplancton in an oligotrophic regime. J.Mar.Res ., 59,535-565.
Lévy M., Mémery L., Madec G. (2000), Combined
effects of mesoscale processes and atmospheric high-frequency variability
on the spring bloom in the MEDOC area, Deep Sea Research Part
I : Oceanographic Research (47)1, 27-53
Lima et al. (2002) Journal of Plankton Research, sous presse.
Mc Gillicuddy, D. J., A. R. Robinson, and J. J. Mc Carthy (1995) Coupled
physical and biological modelling of the spring bloom in the north
atlantic (II), Deep-Sea Res. Part II, 42 (8), 1359-1398.
Michaels, A.F. et al. (1994) Nature
372, 537-540.
Moore et al. (2002) Deep-Sea Research II
Pakhomov, E.A. et al. (2000) Temporal variability in the physical-biological
environment of the Prince Edward Islands (Southern Ocean). Journal
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Robinson, A. R. (1993) Mesoscale and upper ocean variabilities during 1989
JGOFS bloom study, Deep-Sea Res. Part I, 40,
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Sambrotto, R.N. et al. (1993) Nature
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Spall, S. A., and K. J. Richards (2000), A numerical model of mesoscale
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and initial experiments, Deep-Sea Res. Part I, 47 (7), 1261-1301.
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04-Jul-2006
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