APPEL d'OFFRE 2002
Programme " PROcessus biogéochimiques dans l'Océan et Flux"
(Proof)
APPEL D'OFFRES 2002
Au cours de la dernière décennie, le programme JGOFS nous a permis de comprendre que la variabilité du forçage physique océanique à toutes les échelles influence de manière significative la structure des écosystèmes et les cycles biogéochimiques. Le programme Proof développera ces recherches en les inscrivant de manière plus explicite dans le contexte du changement de climat planétaire et de ses répercussions sur le milieu naturel.
Cinq contraintes physiques ou chimiques majeures résultant du changement du climat planétaire et des perturbations de nature anthropique sont identifiées :
l'augmentation
des rejets d'origine anthropique
l'augmentation de la température
les modifications de la circulation océanique
les modifications des dépôt éoliens d'origine
désertique
l’augmentation des radiations UV à la surface de l’océan
Le programme Proof encourage donc l’émergence de projets
visant, d'une part à étudier, quantifier et éventuellement
prédire l'influence de ces forçages sur la réponse
biologique et biogéochimique de l’océan et, d'autre
part, à identifier, quantifier et éventuellement prédire
les mécanismes de rétroaction du système océanique
sur le climat.
Néanmoins, pour comprendre et éventuellement pronostiquer ces effets, il demeure essentiel de continuer à documenter et à inventorier les effets de la variabilité dite naturelle ou encore d'identifier et de comprendre les processus responsables de la stabilité des écosystèmes. Ces études devront être menées non seulement au niveau saisonnier mais aussi et surtout au niveau inter-annuel et décennal. Dans ce contexte, les services d’observation ainsi que les bases de données internationales (de terrain, satellitales) devront être considérés comme des supports essentiels à ces recherches.
THEME 1: Interactions entre changements climatiques et cycles biogéochimiques
marins via l'interface océan / atmosphère
L'évolution admise du climat global a accru notre besoin de comprendre d'une part, comment ces changements influencent les processus physiques et biogéochimiques dans le système couplé océan-atmosphère, et d'autre part, comment ce système couplé rétroagit sur le climat. Dans ce thème, il est attendu qu'océanographes et atmosphériciens ayant, notamment, une expertise sur les gaz "climatiquement actifs", les aérosols, le transfert radiatif et la photochimie, joignent leurs efforts pour améliorer notre compréhension des processus responsables des sources et puits de ces gaz dans l'océan superficiel, leur échange au travers de l'interface air- mer ainsi que leur influence sur la chimie de l'atmosphère. Ces objectifs sont pour une grande partie ceux affichés par le programme international SOLAS (Surface Ocean Lower Atmopshere Study) et la communauté française devrait s'engager sur quatre objectifs prioritaires.
THEME 2 : Les effets respectifs du changement climatique et de la variabilité naturelle sur la structure fonctionnelle des écosystèmes marins et sur les cycles biogéochimiques.
Afin d'aborder les études de rétroaction des cycles biogéochimiques océaniques sur le climat, un préalable est de comprendre la manière dont les communautés vivantes dans l'océan vont "intégrer" les modifications de l'environnement et, en retour, contribuer à la modification des cycles. Dans ce thème, il est attendu un regroupement des communautés de biologistes, chimistes et physiciens qui ambitionnent de comprendre et de quantifier la réponse des organismes vivants et des cycles biogéochimiques à la variabilité du forçage physique et chimique. Dans ce cadre, Proof souhaite voir l'émergence d'études dans quatre domaines:
la biodiversité
(taxonomie et composition des communautés auto- et hétérotrophes)
et la diversité et l'efficacité des fonctions biologiques
: (production primaire, biocalcification, diazotrophie, biominéralisation,
production de biogaz).
les facteurs contrôlant la fertilité océanique.
Les études s'attacheront à comprendre et à quantifier
la manière dont les sels nutritifs et les métaux agissent
sur la production primaire en favorisant ou en inhibant le métabolisme
de certains groupes fonctionnels du phytoplancton.
le domaine du "non-vivant" avec des études sur les
variables (par exemple les bio-détritus, les colloïdes,
le carbone organique dissous) et les processus (transferts entre les
phases dissoute et particulaire ou entre les phases organique et minérale,
taux de mortalité des communautés auto- et hétérotrophes)
dont la connaissance est essentielle pour comprendre et modéliser
les flux d'exportation de matière et les taux de reminéralisation.
la représentation des interactions trophiques. La compréhension
des mécanismes, physiques chimiques et biologiques, présidant
à l'établissement, au maintien ou au remplacement d'un
type de réseau trophique devra être abordée en
même temps que les répercussions éventuelles sur
les ressources vivantes exploitables.
Différences - synergies attendues entre les thèmes 1
& 2
Les thèmes 1 et 2 ne sont pas indépendants : les réponses des écosystèmes aux changements climatiques peuvent influencer les échanges de gaz à effet de serre. Il s'ensuit que le comité scientifique souhaite que les recherches sur les deux thèmes soient, dans la mesure du possible, menées sur les mêmes chantiers (voir section III.2).
THEME 3 : Les "proxies" paléo oceanographiques dans l'océan actuel
L'objectif de cette thématique est de favoriser les synergies entre, la communauté scientifique intéressée par les cycles biogéochimiques dans l'océan actuel et la communauté intéressée par la reconstruction de l'évolution passée de l'océan, en particulier de la paléo-productivité. Ce thème fait appel au concept de "proxies", c'est-à-dire d'indicateurs (biologiques, géochimiques et sédimentaires) permettant de quantifier (empiriquement) les paramètres climatiques et environnementaux utilisés pour les reconstitutions paléo-climatiques. Il faut dégager ces relations empiriques dans l'océan actuel pour les extrapoler ensuite à l'analyse des carottes sédimentaires. Dans ce contexte, Proof encourage la soumission de projets de deux types :
la
calibration des indicateurs. Il existe une palette variée de
"proxies" caractérisant ou décrivant des processus
océaniques clés tels que l'utilisation des sels nutritifs,
la production exportée (quantité et qualité).
Néanmoins, leur interprétation souffre encore d'incertitudes
majeures; en particulier, ils ne prennent pas en compte la variabilité
saisonnière et annuelle des systèmes. Les limites d'applicabilité
de ces indicateurs doivent donc être rigoureusement testées
et évaluées en étudiant notamment les conditions
de leur formation et de leur transformation dans l'océan superficiel,
dans la colonne d'eau et à la surface des sédiments.
l'identification
de nouveaux "proxies". Il existe d'autres processus océaniques
qui font actuellement l'objet d'études approfondies dans l'océan
moderne (cf. thèmes 1 et 2) mais pour lesquels il n'existe
pas de "proxies". Il en est ainsi des apports atmosphériques
de fer, de la fixation d'azote atmosphérique ou de la modification
des communautés phytoplanctoniques. De nouveaux indicateurs
doivent donc être développés pour permettre l'étude
de ces processus. En particulier, les modifications du compartiment
biologique pourraient être identifiées en utilisant les
biomarqueurs et les outils de la génétique moléculaire
(interaction avec le thème 2).
Ces recherches aboutiront seulement en étudiant la relation entre "proxies" et processus cibles dans l'océan actuel. Il est donc nécessaire que les observations de terrain permettent l'identification et la calibration de nouveaux indicateurs (voir également III.2).
Proof identifie cinq outils essentiels aux recherches pluridisciplinaires en biogéochimie marine. Pour l’utilisation de chaque "outil", le comité scientifique émet les recommandations suivantes.
III.1 L'expérimentation de laboratoire / mésocosmes
L'objectif premier de ces recherches est de comprendre certains processus biogéochimiques clé dans le cadre d'un forçage maîtrisé. Dans un deuxième temps, l'objectif sera de transférer les résultats ou les approches au milieu océanique. Il est donc important de prendre en compte, dès la conception des expériences, les problèmes de transfert d'échelle.
III.2 L'observation de terrain, les chantiers
Proof
a identifié quatre zones chantiers prioritaires sur lesquelles
il est souhaité que la majorité des programmes à
la mer se concentrent :
La Méditerranée,
L'océan austral,
L'Atlantique Nord-Est / Golfe de Gascogne,
L'océan tropical
Dans le cadre des observations de terrain, Proof n’impose pas
de paramètres de base à mesurer. Toutefois, la constitution
de bases de données requiert souvent des mesures "systématiques"
qui ne sont pas forcément utiles à un projet ciblé.
Au cas par cas, le comité scientifique pourra demander aux
responsables de projet d’acquérir certaines mesures.
Dans ce cas, le Comité scientifique s'engage à trouver
les accompagnements nécessaires à la réalisation
de ces dernières.
Les observations non-intrusives des processus biogéochimiques
(par exemple à l’aide de la biologie moléculaire,
de la chimie des isotopes naturels, ou de l’optique in situ)
doivent continuer à être développées.
III.3 Les données satellitales
Dans le domaine de l’observation satellitale, seront particulièrement encouragés les travaux visant à :
combiner
les données de différents satellites " couleur
de l’eau " pour assurer des archives continues à
partir desquelles les variabilités naturelles et anthropiques
pourront être extraites ;
extraire de nouveaux produits géophysiques et biogéochimiques
pouvant être assimilés dans des modélisations
régionales ou globales ;
combiner les données de différents satellites (couleur
de la mer, température, altimétrie) permettant des descriptions
de la variabilité et des études du couplage physique-biologie
à moyenne échelle ;
piloter les observations de terrain.
On veillera en particulier à ce que les travaux sur les données
satellitales soient développés en étroite liaison
avec les utilisateurs des produits qui pourraient en être dérivés.
III.4 Les bases de données
Le
programme Proof considère comme essentiel que la communauté
française s'engage dans la synthèse sur des thèmes
relatif au cycle du carbone et des éléments associés.
Dans ce cadre, le Comité scientifique encourage très
fortement la soumission de projets utilisant les bases de données
(internationales) existantes, en particulier, celles collectées
durant la décennie JGOFS.
La constitution de base de données accessible à la communauté
est une nécessité pour chaque projet. C'est pourquoi,
dans la sélection des projets, le Comité scientifique
attachera une importance particulière à la stratégie
de mise à disposition des données. Il adaptera les financements
en cas de dysfonctionnement.
III.5 La modélisation
Dans le domaine de la modélisation, le Comité scientifique sera particulièrement attentif aux travaux visant à développer :
la
modélisation couplée physique-biologie en considérant
explicitement le transfert d'échelles entre la mesoéchelle
et le bassin océanique. En particulier, sont encouragés
les développements s'appuyant sur le projet Pomme, dont la
phase expérimentale est achevée.
grâce à l'aide de mathématiciens et de théoriciens,
des outils de modélisation permettant, d'une part de mieux
rendre compte de la non-linéarité des phénomènes
biogéochimiques et biologiques et, d'autre part, de contourner
le problème du sous-échantillonnage "chronique"
des variables et processus servant de paramètres d'entrée
ou de validation aux modèles.
la modélisation des transferts entre dissous et particulaire,
entre organique et minéral et entre colonne d'eau et sédiment.
III.6 Développements des approches "pluri-outils"
Proof souhaite recevoir des projets tirant parti de l'utilisation couplée de différents outils. En particulier, sont encouragés les projets mettant en œuvre un système intégré modèles-observations qui développe des méthodes d'inversion et d'assimilation de données (en particulier satellitales) adaptées à l'estimation des paramètres dans les modèles.
Remarque: Le Comité scientifique soutiendra des projets sur le développement et l’amélioration des outils (dans un des cinq domaines exposés ci-dessus). Ces projets méthodologiques doivent néanmoins déboucher sur des propositions scientifiques à part entière.
IV Le fonctionnement du Programme
IV.1 Les procédures de soumission
Afin
d'élargir l'évaluation des projets aux scientifiques
non francophones, la soumission de propositions en anglais est encouragée.
La soumission de projets en français reste néanmoins
possible (voir formulaires).
Le programme soutiendra en priorité des propositions coordonnées
réunissant plusieurs équipes avec des compétences
complémentaires. Cependant, environ 1/5 du budget total pourra
être consacré au soutien de propositions plus individuelles
présentant un caractère particulièrement novateur.
Les projets à caractères exclusivement méthodologiques
devront être clairement identifiés.
Afin que le Comité scientifique ait une vision claire des différentes
actions qui pourraient être entreprises à échéance
de quatre ans, il est demandé aux groupes ayant l'intention
d'accéder aux moyens navals nationaux de se manifester dès
l'année 2002 par le biais d'une lettre d'intention.
IV.2 Les évaluations
Une
liste de cinq arbitres potentiels, dont trois étrangers, sera
produite à l'appui de la demande Les projets seront évalués
par un membre du Comité scientifique et un rapporteur extérieur..
L'évaluation approfondie des projets pluri-annuels se fera
de la manière suivante, N étant l'année de soumission
:
- à N+2 pour les projets sur deux ans,
- à N+2 et N+3 pour les projets sur trois ans,
- à N+2 et N+4 pour les projets sur quatre ans.
L'année où il n'y aura pas d'évaluation approfondie, une fiche bilan rapide (réalisation et dépenses/budget) sera demandée.
IV.3 L'interaction avec les autres programmes
Au
niveau national
Le thème 1 doit permettre la mise en place d'interactions fortes
avec les programmes PNTS, PNCA, PNEDC et Patom.
Le thème 2 doit également permettre des échanges avec les communautés Pnec et Patom.
Le thème 3 permettra les échanges avec le Pnec et le PNEDC.
Au
niveau international
Le thème 1 doit permettre l'émergence d'une communauté
se structurant, à terme, au sein d'une composante Solas-France.
Le thème 2 doit, de la même manière, favoriser
l'émergence d'un groupe pouvant contribuer aux futurs programmes
post-JGOFS notamment ceux accordant une importance plus marquée
aux études à l'interface de l'écologie et des
cycles biogéochimiques, y compris le programme Globec.
Le thème 3 pourra devenir la composante française de
Paleo Jgofs Task Team (PJTT).
Les projets relevant de la synthèse et de l'utilisation des
bases de données entrent dans le cadre de l'effort international
de synthèse accompagné par Jgofs.
IV.4 La communication du programme Proof
Un
site Web Proof sera ouvert au cours du printemps 2002. Il constituera
une "porte d'entrée" pour chacun des projets financés
par Proof qui disposeront chacun de pages Web.
Dès l'acceptation de leur projets, les responsables fourniront
un résumé de trois pages présentant leur projet
:
les objectifs scientifiques,
les outils utilisés,
les participants au projet, leur fonction et leur coordonnées.
Chaque année, en plus des documents nécessaire à
l'évaluation, les responsables de projets fourniront de une
à trois pages illustrant l'évolution des recherches
de l'année écoulée. Une page indiquant les publications
devra être régulièrement réactualisée.
___________________________________
La date limite de réponse est fixée au 1er Février 2002, délai de rigueur. Aucun projet soumis après cette date ne sera examiné.
Les formulaires sont disponibles sur le serveur de l'INSU (www.insu.cnrs-dir.fr) dans la rubrique Récapitulatif des Appels d'offres.
Une demande de financement au programme Proof comprend la fiche abrégée et le formulaire détaillé qui devront être adressés sous format RTF à l'adresse électronique suivante:
Martine.revillon@cnrs-dir.fr, en document attaché.
Le document attaché doit être nommé avec les informations minimum suivantes:
PROOF_nom du demandeur.
Un dossier papier comprenant obligatoirement l'avis du responsable de la formation doit être adressé, par courrier à:
Martine
Révillon
Institut National des Sciences de l'Univers
3, rue Michel Ange
BP 287-16
75766 Paris cedex 16
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10-Nov-2006
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