Programme " PROcessus biogéochimiques dans
l'Océan et Flux"
(Proof)
APPEL D'OFFRES 2005
[du 22-07-2004
au 09-10-2004]
I Cadre général
Au
cours de la dernière décennie, le programme JGOFS nous a permis
de comprendre que la variabilité du forçage physique océanique à toutes
les échelles influence de manière significative la structure des écosystèmes
et les cycles biogéochimiques. Le programme Proof développera ces
recherches en les inscrivant de manière plus explicite dans le
contexte du changement de climat planétaire et de ses répercussions
sur le milieu naturel.
Cinq contraintes physiques ou chimiques majeures résultant du changement
du climat planétaire et des perturbations de nature anthropique
sont identifiées :
- l'augmentation des rejets d'origine anthropique
- l'augmentation de la température
- les modifications de la circulation océanique
- les modifications des dépôt s éoliens d'origine désertique
- l’augmentation des radiations UV à la surface de l’océan
Le programme Proof encourage donc l’émergence de projets visant,
d'une part à étudier, quantifier et éventuellement prédire
l'influence de ces forçages sur la réponse biologique et biogéochimique
de l’océan et, d'autre part, à identifier, quantifier et éventuellement
prédire les mécanismes de rétroaction du système océanique
sur le climat.
Néanmoins, pour comprendre et éventuellement pronostiquer ces effets,
il demeure essentiel de continuer à documenter et à inventorier les
effets de la variabilité dite naturelle ou encore d'identifier et
de comprendre les processus responsables de la stabilité des écosystèmes.
Ces études devront être menées non seulement au niveau saisonnier
mais aussi et surtout au niveau inter-annuel et décennal. Dans ce
contexte, les services d’observation ainsi que les bases de données
internationales (de terrain, satellitales) devront être considérés
comme des supports essentiels à ces recherches.
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II Les thèmes de recherche
Thème 1: Interactions entre changements climatiques
et cycles biogéochimiques marins via l'interface océan / atmosphère
L'évolution admise du climat global a accru notre besoin de comprendre
d'une part comment ces changements influencent les processus physiques
et biogéochimiques dans le système couplé océan-atmosphère, et d'autre
part, comment ce système couplé rétroagit sur le climat. Dans ce
thème, il est attendu qu'océanographes et atmosphériciens ayant,
notamment, une expertise sur les gaz "climatiquement actifs", les
aérosols, le transfert radiatif et la photochimie, joignent leurs
efforts pour améliorer notre compréhension des processus responsables
des sources et puits de ces gaz dans l'océan superficiel, leur échange
au travers de l'interface air-mer ainsi que leur influence sur la
chimie de l'atmosphère. Ces objectifs sont pour une grande partie
ceux affichés par le programme international SOLAS et la
communauté française devrait s'engager sur quatre objectifs prioritaires.
- les flux de CO2 à l'interface
air-mer. Le
programme encourage les approches pluridisciplinaires et "pluri-outils" (voir section
III) visant à étudier la variabilité des flux ainsi que les
causes essentielles, physiques et biologiques.
- les effets des dépôts d'origine désertique sur l'océan
superficiel.
Ces études incluront celles relatives à la variabilité du transport
et des dépôts d'origine désertiques, à la fixation de CO2 et
d'azote atmosphérique, à l'altération de la composition des communautés
planctoniques, et aux conséquences sur l'exportation de carbone
en profondeur et sur la production de bio-gaz.
- le cycle des gaz à impact climatique. Les études viseront à mieux
comprendre et quantifier les processus biologiques et abiotiques
contrôlant la production et les concentrations marines de ces
gaz (en particulier le DMS) ainsi que les facteurs chimiques
et physiques modulant les flux de ces gaz vers l'atmosphère.
- l'impact des radiations UV sur l'océan superficiel. Les études
relatives aux effets directs et indirects des radiations UV sur
les cycles biogéochimiques des bio-gaz, la photo-oxydation du
DOC en CO2 et l'altération des communautés vivantes
sont encouragées.
Thème 2 : Les effets respectifs
du changement climatique et de la variabilité naturelle sur la structure
fonctionnelle des écosystèmes marins et sur les cycles biogéochimiques.
Afin d'aborder les études de rétroaction des cycles biogéochimiques
océaniques sur le climat, un préalable est de comprendre la manière
dont les communautés vivantes dans l'océan vont "intégrer" les modifications
de l'environnement et, en retour, contribuer à la modification des
cycles. Dans ce thème, il est attendu un regroupement des communautés
de biologistes, chimistes et physiciens qui ambitionnent de comprendre
et de quantifier la réponse des organismes vivants et des cycles
biogéochimiques à la variabilité du forçage physique et chimique.
Dans ce cadre, Proof souhaite voir l'émergence d'études dans quatre
domaines :
- la biodiversité (taxonomie et composition
des communautés
auto et hétérotrophes) et la diversité et l'efficacité des fonctions
biologiques (production primaire, biocalcification, diazotrophie,
biominéralisation, production de biogaz).
- les facteurs contrôlant la fertilité océanique.
Les études
s'attacheront à comprendre et à quantifier la manière dont les
sels nutritifs et les métaux agissent sur la production primaire
en favorisant ou en inhibant le métabolisme de certains groupes
fonctionnels du phytoplancton.
- le domaine du "non-vivant" avec des études sur les variables
(par exemple les bio-détritus, les colloïdes, le carbone organique
dissous) et les processus (transferts entre les phases dissoute
et particulaire ou entre les phases organique et minérale, taux
de mortalité des communautés auto et hétérotrophes) dont la connaissance
est essentielle pour comprendre et modéliser les flux d'exportation
de matière et les taux de reminéralisation.
- la représentation des interactions trophiques.
La compréhension
des mécanismes physiques chimiques et biologiques, présidant à l'établissement,
au maintien ou au remplacement d'un type de réseau trophique
devra être abordée en même temps que les répercussions éventuelles
sur les ressources vivantes exploitables.
Synergies attendues entre
les thèmes 1 & 2
Les thèmes 1 et 2 ne sont pas indépendants : les réponses des écosystèmes
aux changements climatiques peuvent influencer les échanges de gaz à effet
de serre. Il s'ensuit que le comité scientifique souhaite que les
recherches sur les deux thèmes soient, dans la mesure du possible,
menées sur les mêmes chantiers (voir section
III.2).
Thème 3 : Les "proxies" paléo-océanographiques
dans l'océan actuel
L'objectif de cette thématique est de favoriser les synergies entre
la communauté scientifique intéressée par les cycles biogéochimiques
dans l'océan actuel et la communauté intéressée par la reconstruction
de l'évolution passée de l'océan, en particulier de la paléo-productivité.
Ce thème fait appel au concept de "proxies", c'est-à-dire d'indicateurs
(biologiques, géochimiques et sédimentaires) permettant de quantifier
(empiriquement) les paramètres climatiques et environnementaux utilisés
pour les reconstitutions paléo-climatiques. Il faut dégager ces relations
empiriques dans l'océan actuel pour les extrapoler ensuite à l'analyse
des carottes sédimentaires. Dans ce contexte, Proof encourage la
soumission de projets de deux types :
- la calibration des indicateurs. Il existe
une palette variée de "proxies” caractérisant ou décrivant des processus
océaniques clés tels que l'utilisation des sels nutritifs, la
production exportée (quantité et qualité). Néanmoins, leur interprétation
souffre encore d'incertitudes majeures; en particulier, ils ne
prennent pas en compte la variabilité saisonnière et annuelle
des systèmes. Les limites d'applicabilité de ces indicateurs
doivent donc être rigoureusement testées et évaluées en étudiant
notamment les conditions de leur formation et de leur transformation
dans l'océan superficiel, dans la colonne d'eau et à la surface
des sédiments.
- l'identification de nouveaux "proxies".
Il existe d'autres processus océaniques qui font actuellement l'objet d'études approfondies
dans l'océan moderne (cf. thèmes 1 et 2)
mais pour lesquels il n'existe pas de "proxies". Il en est ainsi
des apports atmosphériques de fer, de la fixation d'azote atmosphérique
ou de la modification des communautés phytoplanctoniques. De
nouveaux indicateurs doivent donc être développés pour permettre
l'étude de ces processus. En particulier, les modifications du
compartiment biologique pourraient être identifiées en utilisant
les biomarqueurs et les outils de la génétique moléculaire (interaction
avec le thème 2).
Ces recherches aboutiront seulement en étudiant la relation entre "proxies" et
processus cibles dans l'océan actuel. Il est donc nécessaire que
les observations de terrain permettent l'identification et la calibration
de nouveaux indicateurs (voir également III.2).
III Les outils, les méthodes
Proof
identifie cinq outils essentiels aux recherches pluridisciplinaires
en biogéochimie marine. Pour l’utilisation de chaque "outil", le
comité scientifique émet les recommandations suivantes.
III.1 L'expérimentation de laboratoire et en mésocosmes
L'objectif premier de ces recherches est de comprendre certains
processus biogéochimiques clés dans le cadre d'un forçage maîtrisé. Dans un
deuxième temps, l'objectif sera de transférer les résultats ou les
approches au milieu océanique. Il est donc important de prendre en
compte, dès la conception des expériences, les problèmes de transfert
d'échelle.
III.2 L'observation de terrain, les
chantiers
- Proof a identifié quatre zones chantiers prioritaires sur lesquelles
il est souhaité que la majorité des programmes à la mer se concentrent
:
- La Méditerranée
- L'océan austral
- L'Atlantique Nord-Est / Golfe de Gascogne
- L'océan tropical
- Dans le cadre des observations de terrain, Proof
n’impose pas
de paramètres de base à mesurer. Toutefois, la constitution de
bases de données requiert souvent des mesures "systématiques" qui
ne sont pas forcément utiles à un projet ciblé. Au cas par cas,
le comité scientifique pourra demander aux responsables de projet
d’acquérir certaines mesures. Dans ce cas, le Comité scientifique
s'engage à trouver les accompagnements nécessaires à la réalisation
de ces dernières.
- Les observations non-intrusives des processus
biogéochimiques
(par exemple à l’aide de la biologie moléculaire, de la chimie
des isotopes naturels, ou de l’optique in situ) doivent continuer à être
développées.
III.3 Les données satellitales
Dans le domaine de l’observation satellitale, seront particulièrement
encouragés les travaux visant à :
- combiner les données de différents satellites “ couleur de
l’eau ” pour assurer des archives continues à partir desquelles
les variabilités naturelles et anthropiques pourront être extraites
;
- extraire de nouveaux produits géophysiques et biogéochimiques
pouvant être assimilés dans des modélisations régionales ou globales
;
- combiner les données de différents satellites (couleur de la
mer, température, altimétrie) permettant des descriptions de
la variabilité et des études du couplage physique-biologie à moyenne échelle
;
- piloter les observations de terrain.
On veillera en particulier à ce que les travaux sur les données satellitales
soient développés en étroite liaison avec les utilisateurs des produits
qui pourraient en être dérivés.
III.4 Les bases de données
- Le programme Proof considère comme essentiel que la communauté française
s'engage dans la synthèse sur des thèmes relatifs au cycle
du carbone et des éléments associés. Dans ce cadre, le
comité scientifique encourage très fortement la soumission
de projets utilisant les bases de données (internationales)
existantes, en particulier, celles collectées durant la décennie
JGOFS.
- La constitution de base de données accessible à la communauté est
une nécessité pour chaque projet. C'est pourquoi, dans la sélection
des projets, le Comité scientifique attachera une importance
particulière à la stratégie de mise à disposition des données.
Il adaptera les financements en cas de dysfonctionnement.
III.5 La modélisation
Dans le domaine de la modélisation, le comité scientifique sera particulièrement
attentif aux travaux visant à développer :
- la modélisation couplée physique-biologie en considérant explicitement
le transfert d'échelles entre la mesoéchelle et le bassin océanique.
En particulier, sont encouragés les développements s'appuyant
sur le projet Pomme, dont la phase expérimentale est achevée.
- grâce à l'aide de mathématiciens et de théoriciens, des outils
de modélisation permettant d'une part de mieux rendre compte
de la non-linéarité des phénomènes biogéochimiques et biologiques
et, d'autre part, de contourner le problème du sous-échantillonnage "chronique" des
variables et processus servant de paramètres d'entrée ou de validation
aux modèles.
- la modélisation des transferts entre dissous et particulaire,
entre organique et minéral et entre colonne d'eau et sédiment.
III.6 Développements des approches "pluri-outils"
Proof souhaite recevoir des projets tirant parti de l'utilisation
couplée de différents outils. En particulier, sont encouragés les
projets mettant en œuvre un système intégré modèles-observations
qui développe des méthodes d'inversion et d'assimilation de données
(en particulier satellitales) adaptées à l'estimation des paramètres
dans les modèles.
Remarque : Le comité scientifique soutiendra
des projets sur le développement et l’amélioration des outils (dans
un des cinq domaines exposés ci-dessus). Ces projets méthodologiques
doivent néanmoins déboucher sur des propositions scientifiques à part
entière.
IV Le fonctionnement du Programme
IV.1 Réponse à l'appel d'offre
Procédures de soumission
Afin d'élargir l'évaluation des projets aux scientifiques non francophones,
la soumission de propositions en anglais est encouragée. La soumission
de projets en français reste néanmoins possible (voir formulaires).
- Le programme soutiendra en priorité des propositions coordonnées
réunissant plusieurs équipes avec des compétences complémentaires.
- Pour les projets comportant une campagne
en mer en 2006 sur un navire de l'IFREMER, les proposants
devront également
remplir l'annexe
1. Le programme PROOF a en effet mis en place une procédure
visant, à terme, à avoir un formulaire commun INSUE – Navires
hauturiers.
- Pour permettre l’évaluation financière du projet, les proposants
devront fournir un échéancier pluri-annuel. Pour les projets
reposant sur des analyses (in situ ou au laboratoire), la justification
détaillée (e.g. coût unitaire de l’analyse et nombre d’analyses
prévues, coût total par poste) des dépenses envisagées est demandée
(remplir l'annexe
2).
Evaluations
- Une liste de cinq arbitres potentiels, dont
trois étrangers,
sera produite à l'appui de la demande. Les projets seront évalués
par un membre du Comité scientifique et un rapporteur extérieur.
- L'évaluation approfondie (fiche
détaillée et fiche abrégée) des projets pluri-annuels se
fait de la façon suivante, N étant l'année de soumission :
- à N+2 pour les projets sur deux ans,
- à N+2 et N+3 pour les projets sur trois
ans,
- à N+2 et N+4 pour les projets sur quatre
ans.
- L'année où il n'y aura pas d'évaluation approfondie, seule
une fiche abrégée sera demandée. Cette fiche permettra également
au proposant d'apporter des compléments d'information en réponse
aux recommandations du comité scientifique.
IV.2 Interaction avec les autres programmes
- Au niveau national
- Le thème 1 doit permettre la mise en place
d'interactions fortes avec les programmes PNTS, PNCA,
PNEDC et PATOM.
- Le thème 2 doit également permettre des échanges avec
les communautés PNEC et PATOM.
- Le thème 3 permettra les échanges avec
le PNEC et le PNEDC.
- Au niveau international
- Le thème 1 doit permettre l'émergence d'une communauté se
structurant, à terme, au sein d'une composante SOLAS-France.
- Le thème 2 doit, de la même manière, favoriser l'émergence
d'un groupe pouvant contribuer aux futurs programmes post-JGOFS
(IMBER) notamment ceux accordant une importance plus marquée
aux études à l'interface de l'écologie et des cycles biogéochimiques,
y compris le programme GLOBEC.
- Le thème 3 pourra devenir la composante française
de Paleo Jgofs Task Team (PJTT).
- Les projets relevant de la synthèse et de l'utilisation
des bases de données entrent dans le cadre de l'effort
international de synthèse accompagné par Jgofs.
IV.3 La communication du programme Proof
Un site Web Proof est désormais à la disposition de la communauté à l'adresse
suivante : http://www.obs-vlfr.fr/proof/index_vt.htm>.
La vocation de ce site est double
- Ce site permet l'accès aux données des projets soutenus par
PROOF. Pour les projets nouveaux, une charte "base de données" a été publiée
(rubrique information générale) afin de mettre en place une politique
efficace de collecte et de mise à disposition des données. Les
proposants sont tenus de se conformer à cette charte.
- Il constitue une "porte d'entrée" pour chacun des projets financés.
Les responsables de projets soutenus par PROOF sont encouragés à fournir
les éléments d'information sur la vie du projet (résultats importants,
actualisation des publications, annonce, programmes et compte
rendus des réunions, documents "power point", posters).
Toute interaction avec les responsables de
la base de données et/ou
du site PROOF se fera au travers de l'adresse email : dm_proof@obs-vlfr.fr
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